
« Teke-teke, teke-teke… » c'est le bruit que fait le fantôme de Reiko Kashima, dépourvu d'une moitié de son corps, lorsqu'il rampe au sol pour venir vous arracher vos jambes.

Teke-Teke vue par Matthew Meyer
Dans l'imaginaire japonais, Reiko Kashima est un yūrei et l'une des légendes urbaines les plus connues du pays. L'histoire raconte le destin tragique d'une jeune femme dont le corps, coupé en deux à la suite d'un accident, cherche à assouvir sa vengeance en arrachant les jambes de ceux qui oseraient s'aventurer sur son chemin la nuit.
Si l'on se réfère à la "classification" des yūrei établie par le folklore nippon, le fantôme de Reiko Kashima est ce que l'on appelle communément un onryō (怨霊), c'est-à-dire un esprit vengeur. On décrit généralement ces fantômes comme des femmes maltraitées, violentées et tuées par des hommes, qui assouviraient donc surtout leur soif de vengeance sur les représentants de la gent masculine.
Pour la petite anecdote sordide, au Japon, on appelle également cette légende urbaine par le nom « Teke-teke » (テケテケ) en référence au bruit que feraient les coudes de Reiko au moment où elle rampe vers vous pour vous attraper…
Mythe et origines[]
Reiko Kashima est une lycéenne (ou une jeune femme) qui, alors qu'elle se balade un jour non loin d'une voie ferrée, se fait agresser par un groupe d'hommes. Battue puis violée à plusieurs reprises, elle est laissée pour morte, inconsciente et surtout totalement humiliée. Lorsqu'elle reprend connaissance, elle appelle à l'aide mais personne ne l'entend. Incapable de marcher, elle décide alors de ramper pour aller chercher des secours mais, à bout de forces, elle s'effondre sur les rails du chemin de fer… Un train passe et sectionne son corps en deux, la tuant sur le coup.

Reiko selon JapanLoverMe
Depuis, son esprit ère aux alentours des voies ferrées, en quête des jambes qu'elle a perdues et des hommes qui l'ont tuée. De temps en temps, elle va à la rencontre des vivants qui traînent dans les parages et elle leur demande : « Où sont mes jambes ? ». Si ceux-ci sont incapables de répondre, elle leur coupe à leur tour leurs jambes et s'en va… Mais si l'on suit les croyances, il existe un moyen d'échapper à un tel sort : il suffirait en effet de lui dire qu'elles se trouvent « sur la ligne Meishin ». Mais alors, tout ne s'arrêterait pas là ; le fantôme de Reiko insisterait en demandant : « Qui est-ce qui vous l'a dit ? », question à laquelle il est de rigueur de répondre « Reiko Kashima ». Enfin, pour être totalement débarrassé de cet esprit et conserver son corps dans son intégralité, il faut répondre à la jeune femme, lorsqu'elle demande « Connaissez-vous mon nom ? », la formule suivante : « Kamen Shinin Ma », littéralement « masque (仮面, kamen) – personne décédée (死人, shinin) – démon (魔, ma) ». On dit que ceux qui entendent ou lisent l'histoire de Reiko la verront apparaître devant eux dans les jours qui suivent…
Comme la plupart des légendes urbaines du genre, celle de Reiko Kashima pourrait s'inspirer d'un fait divers qui se serait déroulé au cours des dernières décennies. Certains considèrent que celle-ci pourrait en effet tirer ses racines dans l'affaire d'une femme qui habitait la ville de Muroran, sur l'île de Hokkaidō au Nord du pays, et qui aurait été violée par des militaires américains durant la Seconde Guerre Mondiale. Difficile de statuer sur la véracité de cette information, mais ce qui est certain, c'est que le mythe de Teke-Teke a vu le jour au cours du siècle dernier, pas avant, et qu'il s'agit donc d'une légende relativement récente.
Reiko Kashima dans le cinéma et la pop culture[]
Comme de nombreux autres grands fantômes issus des légendes urbaines japonaises, celui de Reiko Kashima a eu droit à son heure de gloire sur grand écran. En 2009, le cinéaste Kōji Shiraishi, à qui l'on doit les films Noroi, Carved ou encore Sadako VS. Kayako, réalise Teketeke et sa suite Teketeke 2. Réalisé quelques années plus tôt, en 2006, le film Otoshimono de Takeshi Furusawa propose quant à lui une autre version de la légende de Reiko Kashima.

Reiko Kashima dans le film Teketeke (2009)

Reiko Kashima dans la saga SMT
Dans le manga aussi, on trouve des traces de Teke-Teke, exemple avec Hanako to Gūwa no Tera, un recueil de petites histoires signées Sakae Esuno dans lequel un détective du nom de Daisuke inspecte justement sur le meurtre de Reiko et sur le mythe qui l'entoure. En France, la série a été traduite et publiée aux éditions Casterman, sous le titre « Hanako et autres légendes urbaines ».
Côté animation, là encore on trouve quelques allusions à Teke-Teke : le premier épisode de la série TV Gakkō no Kaidan, diffusée au début des années 2000 au Japon, évoque lui aussi le mythe.
Enfin, en ce qui concerne le domaine du jeu vidéo, Reiko Kashima est un personnage récurrent dans la saga Shin Megami Tensei. Elle apparaît notamment comme un démon dans les opus Devil Summoner: Soul Hackers ou encore Persona 2: Eternal Punishment.
Voir aussi[]
Anime[]
- Gakkou no Kaidan (Série TV - 2000)
Manga[]
- Hanako et autres légendes urbaines
Films asiatiques[]
- Ghost Train
- Teketeke
- Teketeke 2